Franck Bonnamour (Lannion Cyclisme) est devenu, samedi 20 juillet en République Tchèque, champion d’Europe junior sur route. Une victoire acquise en costaud qui change son statut et lui ouvre bien des perspectives.
Depuis ce sacre, chez les Bonnamour, le téléphone ne cesse de sonner. « Ce n’est quedu bonheur ! », sourit Christine.
Et pour cause : son fils Franck est le nouveau champion d’Europe junior sur route. Beaucoup ont appris la nouvelle devant leur télé samedi après-midi : l’info a été annoncée en direct par les commentateurs du Tour de France. Aussitôt, le ballet des appels a commencé. Sur le portable du champion également : « Ily a eu un gros impact. Je ne me suis pas trop ennuyédans le trajet, je recevais desSMS et des appels de tous lescôtés. »Après le tourbillon des dernières heures, « à froid, jeréalise un petit peu plus, surtoutavec le fait de rentrer àla maison, de voir monentourage. »
« Pour aider Élie »
Ce lundi matin, Franck Bonnamour est encore un peu fatigué du voyage de retour, quinze heures de voiture et de train entre Olomuc (République tchèque) et Lannion! Il reste quelques traces aussi de la soirée organisée spontanément par ses parents en présence de ses amis, des membres et des sponsors du Lannion Cyclisme. Lucide, Franck Bonnamour analyse sa course sereinement, sans fausse modestie.
« Je partais au championnat pour aider Élie Gesbert à gagner, il a une grosse condition en ce moment. » À l’inverse de son pote d’Andel, leLannionnais avait passé unsale week-end sur le Tour duValromey. « J’étais lâché tous les jours… la chaleur peut être. »
Arrivée lundi en République tchèque, l’équipe de France a aligné Franck mercredi sur le contre-la-montre. Il finit 25e sur un parcours « tout plat de 22 km pourspécialistes, pas pour moi entout cas. »
Bien différent était le circuit de la course sur route samedi matin. « Il n’y avait pas unkilomètre de plat, on étaittoujours en prise. Il y avaitun petit mont pavé qui faisait mal. Je l’ai franchi à piedsur quatre tours ! La bossed’arrivée de 2 km était faitepour les puncheurs. »
Une course pour costauds et, ça tombe bien, Franck aime cette dureté. « Mesconsignes étaient de faire ledébut de course en accompagnantles échappées sanstrop en faire. » Un incident technique a bouleversé ce planning. « J’ai cassé ma roueau premier tour. Du coup, jen’ai pu prendre les coups etattaquer qu’à mi-course. » À 20-25 kilomètres du but, il sort avec le bon wagon. Cinq coureurs dont Élie, « un Italien,un Russe, un Slovène.On leur a fait la peau », s’amuse le Lannionnais. « J’ai attaqué le premier, pour qu’Élie enclenche ensuite, mais c’était la bonne. Ça n’a pas réagi derrière. J’avais de super jambes ! »
Doublé breton
Franck Bonnamour franchit la ligne d’arrivée en solitaire, Élie Gesbert complète, à 22», un magnifique doublé breton. « On ne pouvait pas rêver mieux ! Élie m’a dit : tu es le plus fort, tu le méritais. » Malgré l’exploit, le champion d’Europe n’oublie jamais ses coéquipiers, qui ont chanté la Marseillaise devant le podium… Et c’est avec son club qu’il a fêté ça. « Pour un club sans moyens financiers, c’est bien. On est plutôt fiers », commente le président du Lannion Cyclisme, David Haroutel, qui a déjà connu pareil bonheur avec Johan Le Bon.
Un prénom
C’est dire si un avenir professionnel lui semble ouvert. « Pour l’instant, je ne me projette pas trop, je me fais plaisir », dit le jeune cycliste avec simplicité. David Haroutel confirme : « Depuis quatre années, il a amélioré son niveau au fil des ans et il ne change pas sa façon d’être. Il est dans un environnement sain, bien encadré par ses parents. »
C’est seulement en cadets que Franck a laissé les crampons du Lannion FC pour embrasser le cyclisme. « Il a commencé avec mon vélo un jour. Le lendemain, il voulait s’inscrire à une course ! », raconte sa mère, ancienne championne de France espoirs. Son père Yves a été le coureur pro que l’on sait : « Franck est meilleur que moi à son âge, il n’y a aucun doute. » Sa progression a donc été fulgurante mais le clan Bonnamour ne lui met nulle pression. Christine est juste heureuse : « Il s’est fait un prénom. Maintenant, on nous dit : c’est vous les parents de Franck ? C’est bien ! ».
Albi et Florence
Le Lannionnais aborde la suite de la saison avec la tunique étoilée, « un nouveau statut, je serai un peu plus marqué sur les courses. » On le verra au Trophée Centre Morbihan, dernière manche de la Coupe des Nations UCI puis au championnat de France à Albi. Avant le championnat du monde à Florence. Et pourquoi, sur un circuit ardu, un nouveau succès ? « L’objectif est qu’un de l’équipe de France ramène le titre », tempère-t-il avec une sagesse réconfortante. À 18 ans, il vient d’avoir son bac STG et entrera à la rentrée en fac de sports, évidemment, à Brest.