Les quatorze secondes d'avance glanées samedi dans les rues d'Elven ont donc suffi. Auteurs d'un impressionnant doublé lors de la première étape, les Danois Anthon Charmig et Mikkel Honoré n'ont pas flanché à l'occasion de la deuxième journée du Trophée Centre Morbihan. Notamment Charmig qui, grâce à son excellente sixième place lors du contre-la-montre hier matin, a réussi à conserver une petite avance sur les meilleurs rouleurs, l'Irlandais O'Loughin en tête, mais qui a également profité des sept kilomètres reliant Réguiny à Naizin pour chiper le maillot de leader à son compatriote.
Le jeune homme originaire d'Odder, une petite ville du centre du Danemark, a ensuite pu compter sur ses équipiers, l'après-midi dans les rues de Locminé, pour conserver son beau paletot couleur or. « Les derniers kilomètres ont pourtant été très difficiles, souriait Charmig. Je n'ai su que c'était gagné qu'à la flamme rouge. Heureusement pour moi, l'équipe a réalisé un super boulot. Je décroche aujourd'hui la plus belle victoire de ma carrière, et j'espère revenir l'année prochaine (il est encore junior première année) car le Trophée Centre Morbihan est une course que j'adore ! »
Si Charmig s'est donc fait un nom en rejoignant au palmarès des coureurs de la trempe de Mathieu van der Poel, de Moreno Hofland, de Nathan Brown ou de Mikaël Chérel, les Français devront, eux, attendre avant de trouver un successeur à Vincent Colas, dernier vainqueur tricolore (en 2010).
Des regrets pour Thomas Deniset Louis Louvet
Après une première journée décevante, l'équipe dirigée par Samuel Monnerais a pourtant joliment réagi hier. D'abord en plaçant deux des siens, Louis Louvet et le Finistérien Thibault Guernalec, parmi les quatre premiers du contre-la-montre. Puis surtout en s'imposant lors de la dernière étape à Locminé grâce à son immense (1,98 m) sprinteur, Clément Betouigt-Suire. « On espérait être performant sur le « chrono » dans la mesure où on avait bâti une équipe de rouleurs avec notamment quatre coureurs venant de la piste, notait Samuel Monnerais. On savait également qu'on pouvait compter sur Clément en cas d'arrivée au sprint. Hier (à Elven), il ne lui a pas manqué grand-chose pour accompagner les meilleurs et aujourd'hui, il a prouvé qu'il avait des ressources. Il a cassé son dérailleur, mais il a su passer au-delà pour s'imposer. »
S'ils ont donc parfaitement rectifié le tir, les Français pouvaient également nourrir de gros regrets. Thomas Denis, le seul à avoir accompagné les meilleurs à Elven, était notamment déçu de son contre-la-montre (14e à 15'' d'O'Loughlin). « J'attendais beaucoup de ce « chrono », malheureusement je réalise une contre-performance, avouait le Locminois. C'est dommage car j'étais vraiment confiant après la première étape. » Dixième du général, le spécialiste de la poursuite pouvait sans doute espérer se glisser dans le top cinq pour sa première participation à une épreuve de la Coupe des nations.
Comme Thomas Denis, Louis Louvet avait également les moyens de s'approcher du podium. Troisième du contre-la-montre, à l'attaque dans les rues de Locminé, le coureur de Saône-et-Loire pouvait, lui, se mordre les doigts d'avoir bêtement perdu vingt-cinq secondes dans le final de la première étape. « Un Kazakh a laissé un trou devant moi. Je suis resté longtemps à vingt mètres du peloton mais sans jamais pouvoir rentrer. J'ai oublié de m'hydrater durant l'étape, et j'ai été pris de crampes dans le final. Sans ça, je n'aurais sans doute pas lâché. C'est une erreur de jeunesse qui me coûte cher. Après ma onzième place l'an dernier, j'étais venu ici pour faire dans les dix voire dans les cinq premiers au général. »
Stéphane BACRO et Bernard WEISS